Traitement par thromboyse intra veineuse pour accident ischémique cérébral aigu (AVC) en cas de prise récente d’un anticoagulant oral direct (AOD).
“Intravenous Thrombolysis in Patients With Ischemic Stroke and Recent Ingestion of Direct Oral Anticoagulants”
Meinel TR, Wilson D, Gensicke H, et al.
JAMA Neurol. 2023;80(3):233–243. doi:10.1001/jamaneurol.2022.4782
En cas d’accident ischémique chez les patients ayant pris récemment un AOD, les recommandations internationales actuelles proposent d’éviter une thrombolyse intraveineuse.
Cette étude de cohorte, internationale (Asie, Europe, Australie et Nouvelle-Zélande) et multicentrique (64 centres neuro-vasculaires) a inclus les patients ayant bénéficié d’une thrombolyse avec ou sans thrombectomie dans un contexte d’AVC.
Les patients ayant reçu une anticoagulation plus de 48h avant ont été exclus.
Au total, 832 patients (dont 41% dabigatran, 31% rivaroxaban, 20% apixaban et 9% edoxaban) qui ont eu une dose d’AOD (prise datant de moins de 48h avant la thrombolyse) ont été comparés aux 32375 patients contrôles n’ayant pas eu de traitement anticoagulant.
Le critère de jugement principal était l’hémorragie intracrânienne symptomatique survenant 36 heures après la thrombolyse.
Parmi les 832 patients ayant pris un AOD, 252 patients ont reçu un traitement pour « réverser » l’effet anticoagulant par Idarucizumab, 225 patients ont eu la mesure du taux plasmatique d’AOD et 355 patients ont reçu la thrombolyse intra veineuse sans antidote ni mesure du taux plasmatique.
Le taux de survenue d’hémorragie intra crânienne chez les patients ayant reçu un traitement par AOD était de 2,5 % (1,6-3,8 , IC 95%) et 4,1 % chez les patients sans anticoagulant (3,9-4,4 , IC 95%).
Ce résultat ne permet pas de conclure car il est à analyser avec précaution devant la présence de plusieurs biais notamment le biais de sélection et présence de facteurs de confusion. Il est à noter également que les prises en charge thérapeutiques ont été hétérogènes selon les centres (notamment la posologie de thrombolyse différente selon les pays).
En pratique, en cas d’AVC survenant chez les patients sous AOD pouvant bénéficier d’ une thrombolyse, plusieurs stratégies sont actuellement utilisées comme la mesure du taux de plasmatique d’AOD et l’utilisation d’un antidote afin de juger la possibilité d’administrer d’une thrombolyse.
A l’heure actuelle, il n’y a pas de protocole ou recommandation précise et il faudra attendre d’autres études avant de proposer une prise en charge plus homogène et mieux codifiée.